Déclaration
de la CGT au Comité Technique Ministériel du 30
janvier 2019.
L’accroissement
des inégalités entre les plus riches et
l’immense majorité de la population n’a
cessé de se creuser durant les dernières
décennies.
Les
politiques menées en France, par les gouvernements
successifs durant cette période, ont
généré de fortes injustices sociales,
territoriales et fiscales.
La
CGT n’a cessé d’alerter, de mobiliser
dans les entreprises et les services publics, contre les
réformes régressives qui ont aggravé
ces inégalités. D’autres politiques
doivent être mises en place pour permettre une meilleure
répartition des richesses produites.
La
crise actuelle est d’abord le résultat de la
surdité des Gouvernements successifs et du patronat, qui se
sont invariablement obstinés à maintenir des
politiques, au profit exclusif du capital. Les mesures
récentes annoncées par le gouvernement, suite au
mouvement des gilets jaunes, ne constituent en rien une amorce de
changement d’orientation, et ne sont pas une
réponse à l’urgence sociale.
Il
s’agit tout au plus d’une tentative pour
désamorcer un mouvement protéiforme qui par son
ampleur a surpris et déstabilisé le pouvoir en
place.
Nous
avons toutes les raisons de penser, et nous ne sommes pas les seuls,
que le grand débat mis en place à grand renfort
de communication ne permettra pas non plus d’apporter des
réponses en matière de salaire, de
démocratie sociale ou de justice fiscale.
Le
gouvernement a d’ores et déjà pris la
peine de préciser qu’il ne changerait ni ces
orientations politiques, ni sa position sur certains sujets, comme la
remise en place de l’ISF ou le dégel du point
d’indice de la fonction publique.
À
l’évidence le président de la
République ne remettra pas en cause la politique
qu’il a mené depuis son accession pouvoir,
persuadé qu’il n’y a pas
d’alternatives à la politique menée,
sûr de ces analyses et de son bon droit à exercer
le pouvoir sans partage.
Il
s’agit en fait pour lui de surmonter la crise
démocratique qui dure depuis trois mois et de remporter une
bataille qui lui permettra de poursuivre la même politique au
profit du capital.
La
CGT refuse de participer à tout débat dans ce
cadrage gouvernemental et fait connaître ses demandes sur la
nécessaire revalorisation du SMIC et du point
d’indice de la Fonction publique.
Ces
orientations constituent une violence de plus en plus
intolérable pour un nombre croissant de nos concitoyens.
Ce
gouvernement doit aussi respecter les libertés telles que le
droit de manifester et protéger nos libertés
fondamentales au lieu de les remettre en cause par des lois
liberticides.
La
CGT a assumé ses responsabilités en prenant
l’initiative d’appeler tous et toutes les
salarié·es à se mobiliser par la
grève et les manifestations le 5 février et
à débattre des suites à construire
dans la durée pour obtenir des réponses aux
questions posées par les revendications exprimées
ces derniers mois.
Dans
le secteur de l’Éducation, le ministre a
engagé des réformes structurantes, qui vont
modifier en profondeur notre école, vont
générer une perte de sens de nos
métiers, dégrader les conditions de travail des
personnels et les conditions d’études des
élèves.
Elles
permettront un tri social plus important et rendront possible
à plus ou moins court terme un grand nombre de suppressions
de postes, dont les premières, 400 ETP d’emplois
administratifs et 2450 ETP d’enseignants du 2nd
degré sont déjà annoncées
pour la rentrée 2019.
Alors
que le second degré accueillera plus
d’élèves à la prochaine
rentrée, ces suppressions de postes dégraderont
sûrement à plus ou moins court terme les
conditions de travail des élèves et des
personnels.
Pour
masquer les effets de ces suppressions de postes, le ministre veut
contraindre les personnels à effectuer plus
d’heures supplémentaires, et imposer une
deuxième heure obligatoire à tous les
collègues du second degré.
Cette
version scolaire du « travailler plus pour gagner plus
» de Nicolas Sarkozy, n’est sûrement pas
la revalorisation de nos métiers
réclamés par l’immense
majorité de nos collègues, comme le montre des
mouvements tels que celui des stylos rouges qui regroupe via les
réseaux sociaux plus de 65 000 enseignants.
Pour
la CGT une hausse des salaires passe d’abord par le
dégel de la valeur du point d’indice de la
fonction publique et par la reprise des négociations avec
les organisations syndicales sur ce sujet.
Nous
notons aussi au passage que cette disposition, sur les heures
supplémentaires, aggravera les
inégalités salariales femmes/hommes, puisque
statistiquement les femmes font moins d’heures
supplémentaires que les hommes et les
inégalités entre les corps enseignants. Cela
induira aussi des suppressions de postes pour les personnels
précaires.
Le
gouvernement et le ministre de l’Éducation
n’apportent aucune réponse réelle en
matière salariale à ces demandes
légitimes.
Alors
que ce comité technique ministériel entame une
nouvelle mandature, nous nous sommes tous
félicités de la hausse du taux de participation
de nos collègues à ces élections, nous
serons très attentifs à la prise en compte, par
le ministre des avis de ce comité technique
ministériel sur les différents sujets qui lui
seront soumis, et comme cela est à l’ordre du jour
lors de cette première séance, nous serons
particulièrement attentifs à
l’attention que le ministre apportera à
l’avis des représentants des personnels sur la
question des heures supplémentaires et des
conséquences qu’il en tirera ou pas.
Cela
nous donnera assurément une bonne estimation de la
réelle volonté de dialogue du ministre.
Paris,
le 30 janvier 2019