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Refondation : Du redoublement

dimanche 5 avril 2015.
 

Refondation : du redoublement

Un récent décret met quasiment fin au redoublement. La loi d’orientation le qualifiait d’exceptionnel, il est désormais devenu extrêmement rare.

En effet, il ne permettra que de pallier une rupture importante des apprentissages ; il peut intervenir une seule fois au cours de la scolarité en primaire (toujours sur autorisation de l’IEN) sauf exception. Dans le secondaire, il peut exister sur demande des parents pour permettre l’orientation choisie par les parents. Pour prendre en charge la remédiation des élèves il est alors proposé des dispositifs de remise à niveau mais le texte ne renvoie, pour l’instant, qu’au PPRE et aux dispositifs existants n’ayant pas prouvé leur efficacité.

Si la majorité des études montre l’inefficacité du redoublement comme outil de remédiation scolaire, les associations lycéen-nes et de parents d’élèves y sont attachées, tout comme une partie de nos collègues.

Pourtant, de nombreuses études tendent à montrer sa faible efficacité, voire son inefficacité sur le court terme, et sa toxicité sur le long pour le développement de leur estime de soi et de diverses capacités non cognitives.

Pourtant, le redoublement est très connoté socialement. 20,5 % des élèves issus de milieux défavorisés ont redoublé au moins une fois à l’arrivée en sixième (données 2011), soit six fois plus que les élèves dont les parents sont très favorisés (3,6 %), indique une étude de l’Insee. Un tiers des élèves de nationalité étrangère (32,4 %), eux-mêmes plus souvent de milieux populaires, sont concernés contre 11,8 % des élèves de nationalité française.

De la même façon, les élèves vivant dans une Zone urbaine sensible (Zus) ont aussi plus de risques d’avoir pris du retard à l’école : 21,7 % contre 11,6 % hors Zus. Un phénomène lié pour l’essentiel à leurs origines sociales, mais l’Insee note que la concentration de personnes défavorisées sur un territoire joue un rôle en soi : à milieu social équivalent, le fait d’être entouré d’une population de même milieu influence les résultats scolaires.

Cela ne signifie nullement que les élèves issus de ces quartiers ou de ces milieux auraient moins de capacité à réussir scolairement. Cela indique simplement que les familles de milieu favorisé ont les codes pour l’éviter en plus du patrimoine culturel.
Une telle mesure apparaît positive, pourtant sans moyen supplémentaire, sans réelle mesure pour aider les élèves en difficulté, sans changement profond de l’école, elle permet au ministère de se donner bonne conscience et de faire des économies budgétaires.

Fabienne CHABERT